La vitamine « D » et les athlètes

En entraînement sportif de haut niveau, la performance des athlètes figure parmi les priorités. Or, des articles scientifiques récents suggèrent que la vitamine D, en quantité suffisante, pourrait influencer indirectement la performance sportive via ses nombreux bienfaits sur la santé osseuse et sur la fonction musculaire, mais également grâce à son rôle sur la fonction immunitaire et la modulation inflammatoire. Plus concrètement, ceci signifie qu’un apport optimal en vitamine D pourrait diminuer certains facteurs nuisant à la performance, telles les fractures de stress souvent occasionnées par un entraînement prolongé et intensif. Une étude effectuée chez des recrues militaires a permis d’observer une diminution significative de l’incidence de fractures de stress de l’ordre de 20% chez les participantes recevant quotidiennement un supplément de 800 UI de vitamine D combiné à 2000 mg de calcium. D’autres études démontrent qu’une supplémentation en vitamine D réduirait également les cas rapportés d’influenza et autres grippes. Pour toutes ces raisons, il est tout à fait pertinent de porter une attention particulière au statut de vitamine D des athlètes.

Sources de vitamine D

La vitamine D est unique, dans le sens où elle est synthétisée par la peau suite à l’exposition de celle-ci aux rayons UVB du soleil. L’exposition régulière au soleil est la façon la plus efficace d’obtenir la vitamine D. Toutefois, la synthèse de cette vitamine par la peau dépend de plusieurs facteurs, tels le temps et le moment de l’exposition, la couverture nuageuse, le smog, la saison, la latitude géographique, la pigmentation de la peau, la ou les parties du corps exposées, l’application ou non de crème solaire et l’âge. Au-delà du 33° de latitude, c’est-à-dire la moitié supérieure des États-Unis ainsi que le Canada, une quantité insuffisante de rayons UVB atteint ces régions entre les mois de novembre et de mai. Aussi, plus une personne aura la peau foncée, plus son temps d’exposition au soleil nécessaire pour synthétiser suffisamment de vitamine D sera long. L’application d’une crème solaire de 30 FPS est suffisante pour réduire de 95 % la synthèse de vitamine D par la peau.

L’alimentation est une autre source de vitamine D. Par contre, seuls certains aliments contiennent naturellement cette vitamine, dont l’huile de foie de morue, les poissons gras et les champignons shiitake. Il existe sur le marché certains types d’aliments qui sont fortifiés en vitamine D. C’est entre autres le cas du lait, de la margarine et de certains jus d’orange, céréales à déjeuner et yogourts. Cependant, les apports alimentaires sont souvent trop faibles en vitamine D et n’ont pas d’impact significatif sur le taux sérique de cette vitamine. En effet, une étude effectuée chez des athlètes collégiens a démontré que seul 5% d’entre eux consommaient suffisamment de sources alimentaires de vitamine D pour rencontrer les apports nutritionnels recommandés. Les multivitamines contiennent quant à elles entre 400 et 1000 UI de vitamine D. Selon une étude récente, la prise quotidienne d’une multivitamine ne serait pas non plus suffisante pour maintenir un taux sérique adéquat de vitamine D lors des mois d’hiver.

Recommandations et valeurs de référence

Les recommandations actuelles en vitamine D pour les adultes de 19 à 50 ans est de 600 UI/jour. Bien que cette recommandation ait été ajustée à la hausse dernièrement, il n’est toujours pas certain que ce soit tout à fait suffisant pour bénéficier des avantages de la vitamine D sur le plan non-squelettique. L’apport maximal tolérable pour les personnes de 8 ans et plus s’élève à 4000 UI/jour. Cependant, des apports supérieurs à cette limite peuvent être nécessaires afin de corriger une déficience, soit jusqu’à 10 000 UI/jour pour les adultes de 19 ans et plus. Il n’y a pas à ce jour d’incidents de toxicité rapportés avec une telle supplémentation. On utilise les valeurs sériques de la 25-hydroxyvitamine D [25(OH)D]pour évaluer le statut en vitamine D. Le tableau suivant illustre les valeurs de références utilisées pour déterminer le statut en vitamine D d’un individu.

Tableau 1 : Détermination du statut en vitamine D selon les valeurs de références des taux sériques de 25(OH)D

Statut en vitamine D Valeurs de référence
Déficient < 20 ng/ml
Insuffisant 21-29 ng/ml
Suffisant > 30 ng/ml
Optimal > 40 ng/ml
Toxicité < 100 ng/ml

Statut en vitamine D des athlètes

La prévalence de déficience en vitamine D chez les athlètes dépend principalement du sport (entraînements et compétitions le plus souvent à l’extérieur ou à l’intérieur), de la location géographique et de la pigmentation de la peau. Les quelques études à ce sujet révèlent d’importants pourcentages d’athlètes déficients en vitamine D, et ce, même chez les sports qualifiés « d’extérieur » (i.e. football, soccer, etc.) Les athlètes de sport « d’intérieur » (i.e. natation, basketball, etc.) demeurent toutefois plus à risque de déficience en vitamine D. Des études rapportent que les gymnastes seraient, entre autres, les plus affectés. On observe également une prévalence marquée de déficience en vitamine D lors des mois d’hiver, lorsque l’exposition au soleil ne permet pas de rencontrer les besoins.

Une déficience en vitamine D cause un métabolisme osseux anormal. En effet, une telle condition diminue l’absorption intestinale de calcium et de phosphore tout en augmentant les taux sériques de parathormone (PTH). Ce débalancement provoque alors l’affaiblissement des os et une diminution de la densité minérale osseuse, pouvant mener éventuellement à des fractures de stress, et plus sérieusement, à des maladies telles l’ostéomalacie et l’ostéoporose. Une déficience en vitamine D peut également causer des faiblesses musculaires. Toutes ces complications se traduisent souvent par de la douleur osseuse et musculaire et ne sont pas des conditions idéales pour un athlète qui souhaite performer.

Traitements proposés

Entre les mois de mai et de novembre, il est recommandé d’exposer au soleil certaines parties du corps (bras, jambes, dos), et ce, plusieurs fois par semaine. La durée nécessaire d’exposition varie de 5 minutes pour les personnes au teint clair, à 30 minutes pour ceux ayant un teint foncé. Lorsqu’une telle exposition est impossible et lors des mois d’hiver, des suppléments sont la plupart du temps nécessaire afin de maintenir un statut optimal en vitamine D. Pour traiter une déficience en vitamine D chez un adulte, il est suggéré de prendre des suppléments de vitamine D de 50 000 UI/semaine, pour une durée de 8 semaines, ce qui équivaut à prendre 6000 UI/jour. Une fois le taux sérique de 25(OH)D normalisé à plus de 30 ng/ml, il est conseillé de poursuivre la supplémentation avec des doses de 1500-2000 UI/jour, afin de maintenir les valeurs de vitamine D atteintes.

Chaque supplément de vitamine D de 100 UI augmente la valeur sérique de 25(OH)D d’environ 1 ng/ml. Donc, un athlète qui aurait un niveau sérique de 25(OH)D de 20 ng/ml aurait besoin d’un apport supplémentaire de vitamine D de 2000 UI/jour pour atteindre un taux sérique optimal, soit 40 ng/ml.

Conclusion

Plusieurs récentes études se sont penchées sur les différents bienfaits d’un apport optimal en vitamine D, notamment chez les athlètes. Une association directe de la performance sportive et de l’apport en vitamine D n’est toutefois pas encore établie. En effet, selon certaines études, la fréquence des blessures chez les athlètes serait principalement associée à la densité de masse osseuse, plutôt qu’au statut de vitamine D. Toutefois, comme une déficience en vitamine D résulte en une diminution de la densité minérale osseuse via l’augmentation de la PTH, il serait intéressant que des études futures se penchent davantage sur le rôle éventuel de cette vitamine sur le risque et la fréquence de blessures secondaires à l’entraînement et à l’inflammation.

Malgré tout, pour les nombreux bienfaits de cette vitamine, il est tout à fait pertinent que les athlètes optimisent leur santé en s’assurant d’avoir un apport suffisant en vitamine D. Or, étant donné notre situation géographique, une supplémentation en période hivernale est souvent nécessaire. C’est pourquoi il est important que le statut en vitamine D des athlètes soit suivi périodiquement par un nutritionniste afin que celui-ci puisse faire les recommandations appropriées pour assurer la santé, et indirectement, la performance des athlètes.

Source primaire

Holick MF et coll. (2011) Evaluation, Treatment, and Prevention of Vitamin D Deficiency : an Endocrine Society Clinical Practice Guideline J Clin Endocrinol Metab 96(7): 1911-30.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21646368

Lectures suggérées

Halliday TM et coll. (2010) Vitamin D Status Relative to Diet, Lifestyle, Injury, and Illness in College Athletes Med Sci Sports Exerc 43(2): 335-43
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20543748

Lappe J et coll. (2008) Calcium and Vitamin D Supplementation Decreases Incidence of Stress Fractures in Female Navy Recruits J Bone Miner Res 23(5): 741-9
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18433305


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