La science des atémis

On peut se servir de la main comme un sabre, comme d’une massue, comme d’une pique. Mais les armes formées par la main nue ne sont redoutables que si elles sont animées par un Ki puissant. Le travail que le karatéka doit faire avec les armes naturelles du corps est un travail tout en nuances, en finesse et en précision. La rigueur du pliage des articulations et la situation précise des points vitaux forgent l’aspect scientifique du karaté: c’est sous ce point de vu une science rationnelle exacte. La manière juste de porter l’atémi est aussi importante que la formation de l’arme et que la localisation du point névralgique de l’adversaire. Cette manière est difficile et demande un contrôle des mouvements du corps. Il faut de plus moduler l’énergie contenue dans le geste pour arriver à nuancer la frappe: percuter ou vriller, pénétrer, rebondir, piquer ou simplement effleurer. Parfois le point à atteindre est en surface, parfois il se situe profondément dans le corps, aussi l’impact du coup doit-il être dosé en conséquence. Bref, dans ce domaine la description verbale est de peu d’utilitée, seuls l’expérience et le travail peuvent donner des résultats probants. Citons pourtant les principales armes naturelles utilisées par le karatéka.

  • Seiken le poing fondamental ou poing parfait (on utilise, les deux articulations saillantes du poing).
  • Riken: le revers des kento.
  • Uraken: le dos du poing.
  • Heïken: le dessous du poing.
  • Teisui: le poing-marteau (kentsui).
  • Ura Tesui: le marteau en revers.

Concernant les secondes articulations du poing :

  • Ippon Ken: l’articulation de l’index.
  • Nihon Ken: deux articulations du poing.
  • Hira Ken: les articulations du poing.
  • Nakadaka Ippon Ken: l’articulation saillante du majeur.
  • Oyayubi Ippon Ken: l’articulation du pouce.

Concernant les piques de doigts :

  • Ippon Nukite: la pique d’un doigt.
  • Nihon Nukite: la double pique.
  • Yonhon Nukite: la pique des doigts réunis.
  • Oyayubi: la pique de pouce.
  • Washide: le bec de l’aigle.
  • Keïko: le bec du coq.

Concernant les griffes :

  • Hira Basami: la bouche du tigre.
  • Yubi Basami: les ciseaux

Concernant les surfaces de la main :

  • Haïshu: le dos de la main.
  • Hirate: la paume de la main.
  • Tekatana (ou Shuto): le sabre de la main.
  • Haïto (ou Ura Shuto): le revers du sabre.
  • Kumade: la patte d’ours.
  • Barate:le fouet des doigts

Concernant la pliure des poignets :

  • Kakuto: le col du cygne.
  • Koken: le dos du poignet.
  • Tensho ( ou Shoteï): la base de la paume de la main.
  • Seïryuto: la machoire de boeuf.
  • Keïto: la crête de coq.

Concernant l’avant-bras :

  • Haïwan: l’extérieur de l’avant-bras.
  • Shuwan: l’intérieur de l’avant-bras.
  • Naïwan: le dessus de l’avant-bras.
  • Gaïwan: le dessous de l’avant-bras.
  • Hiji (ou Enpi): la pointe du coude.

Concernant la jambe :

  • Hiza (Hitsui): le genou.
  • Sune: le tibia.
  • Sokuto: le tranchant externe du pied.
  • Uchi Sokuto: le tranchant interne du pied.
  • Haïsoku: le dessus du pied.
  • Teïsoku: le dessous du pied.
  • Kakato: le talon.
  • Ka Sokuteï: le dessous du talon.
  • Jo Sokuteï: le bol du pied.
  • Tsumasaki: la pointe des orteils.

Concernant la tête :

  • Susuki: la lisière front-cheveux
  • Ushiro Suzuki: l’arrièredu crâne

Il reste encore un élément qui va non pas nous rassurer mais ramener les faits à leurs justes proportions. Cet élément c’est la difficulté qu’il y a de réunir toutes les conditions pour que l’atémi soit mortel. Il faut une grande habileté et une extraordinaire énergie pour porter le coup. Il faut également qu’il y ait chez le sujet attaqué une faiblesse, si minime soit-elle. Il y a toujours, et nous ne pouvons pas le nier, des faiblesses dans la cuirasse de la vie. La légende du talon d’Achille supporte cette vérité. C’est l’une des caractéristiques de tout ce qui est vivant que de mêler une formidable puissance de vie avec une fragilité désarmante. Le mal s’introduit toujours dans la faille, jamais dans le roc. On a vu des êtres survivre dans le désert et sur les océans, on en a vu surmonter les privations, les accidents et les souffrances les plus terribles. Mais on a aussi vu des hommes, véritables forces de la nature, succomber à une égratignure mal soignée ou à un chagrin d’amour. Ainsi toute force a sa faiblesse; comme dans le symbole du Tao, le petit point Yin subsiste dans l’océan du Yang. Dans le corps humain aussi il y a des endroits de faiblesse.Ce sont soit des trous dans les couches musculaires, soit des points fragiles dans la carapace des os. Ces réseaux de faiblesse ont été superposés aux réseaux vitaux du corps humain et les points vitaux sont apparus tout naturellement aux anciens guerriers. Ils ont dû par la suite expérimenter cette connaissance afin d’en affiner les différentes applications.

De bas en haut et sur l’axe médian du corps nous trouverons :

  • Kinteki: organes sexuels.
  • Tanden: océan des énergies.
  • Suigetsu: reflet de la lune dans l’eau.
  • Kyosen: sans clarté.
  • Kyototsu: sans naissance.
  • Danchu: poitrine.
  • Sonu: creux de la gorge.
  • Hichu: centre du secret.
  • San Ming: pointe du menton.
  • Gekon: crépuscule.
  • Jinchu: centre de l’homme.
  • Chotto: oiseau-lièvre.
  • Tanto: ciel renversé.

Puis sur la face postérieure :

  • Tando: voie du cie
  • Keichu: centre du cou.
  • Haya Uchi: coup rapide
  • Kassatsu: mort active.
  • Hikireki: tonnerre violent
  • Denko: lumière irradiante

Sur le côté de la tête et sur le cou :

  • Dokko: ciel unique.
  • Mikasuki: maxillaire.
  • Tosaï: cloison mince.
  • Seidon: pommette.
  • Kasumi: brouillard.
  • Ryomo: deux poils.
  • Ganseï: l’orbite.
  • Sei-Un: l’oeil.
  • Mimi: l’oreille.
  • Matsukaze: vent des pins
  • Sakotsu: creux du trapèze.

Sur la ligne mammaire :

  • Ganka: vie sauvage.
  • Shikon: sur le coeur.
  • Ganchu: au coeur.

Sur le côté du buste :

  • Kyoeï: sous l’aisselle.
  • Inazuma: éclair.

Sur le bras et la main :

  • Shakutaku: petit étang.
  • Shakumyaku: près du poignet.
  • Hijizune: point écrasé du coude.
  • Wanjun: bras domestique.
  • Shukitsu: près du coude.
  • Kayaku: point ouvert.
  • Shuko: carapace de la main.

Sur la jambe et le pied :

  • Yake: pli de l’aine.
  • Yako: lumière nocturne.
  • Bimyaku: pli fessier.
  • Fukuto: lièvre agité.
  • Kokotsu: os incliné.
  • Soyo: près de l’arête du tibia.
  • Naïkakufushi: articulation intérieure noire.
  • Soïn: herbe cachée.
  • Kori: bienfait conséquent.

Afin d’acquérir une parfaite maîtrise des atémi le karatéka doit s’efforcer de localiser rapidement et avec précision tous ces points.